Nuances sur le nucléaire
Après la CUB et le Conseil régional, il s’agissait pour le Département de prendre position sur l’avenir de la centrale nucléaire de Braud et Saint Louis. Est-ce parce que plusieurs élus sont confrontés aux conséquences sociales de la fermeture future de cette centrale ? Toujours est-il que la motion, intitulée à l’origine « pour une sortie progressive du nucléaire », fut titrée après discussion « pour une autonomie énergétique indépendante du nucléaire ». Pour autant, le Conseil général « demande que soient résolument mis en œuvre dans notre pays les moyens du développement d’énergies alternatives propres » et « d’étendre le périmètre d’alerte à la CUB »
Cette motion, non prévue à l’ordre du jour, n’était qu’une porte ouverte, entre deux dossiers, à une attaque en règle contre le préfet Patrick Stefanini. Celui-ci a en effet hérité du projet de son prédécesseur Dominique Schmitt sur la réforme des intercommunalités, lesquelles fusionnent ou séparent des collectivités constituées depuis des lustres, a priori dans une recherche de cohérence.
Les communes doivent se prononcer avant le 11 août et la réunionnite bat son plein dans les campagnes.
La colère de Philippe Plisson
Or, les élus de gauche se sont aperçus, exemples précis à l’appui, que des réunions en petit comité se déroulent entre le préfet et des élus de droite à propos de ces fusions territoriales, notamment en Haute Gironde et en Entre-deux-Mers. D’où leur colère et singulièrement celle de Philippe Plisson, député et conseiller général PS mais aussi rapporteur de la commission départementale de coopération intercommunale et chargé de piloter le dossier en relation avec la préfecture : « C’est une mise en coupe réglée du département au profit d’un intérêt politique afin de constituer des fiefs UMP ; où est l’impartialité de l’État ? »
Xavier Loriaud, élu Modem du Blayais, qui avait rencontré lui-même le préfet en compagnie du président de la CdC de Bourg Jean-Frank Blanc (UMP), se retrouva contraint de s’expliquer devant cinquante socialistes plutôt ironiques. Plaidant la bonne foi, il se tira à peu près d’affaire et vota d’ailleurs la motion en compagnie de José Bluteau, les autres élus de Gironde Avenir ne prenant pas part au vote.
En l’absence d’Yves d’Amécourt, éloigné par un deuil familial, c’est l’Arcachonnais Yves Foulon qui était monté au créneau pour défendre Loriaud : « Vous n’avez pas le droit de vous ériger en tribunal pour demander à mon collègue de se justifier », avait-il notamment déclaré.
Dans cette controverse, Philippe Madrelle se montra le « moins disant » face à cette mise en cause du représentant de l’État. Il se contenta de prévenir l’opposition en ces termes : « On ne limite pas un élan populaire par des charcutages et des tripatouillages et ce genre de pratiques vous revient comme un boomerang. »
Voilà le préfet confronté à la réalité de la Gironde…
H.Mathurin
Source : Sud Ouest du 01/07/11