Sud Ouest : « Opposition absente, majorité en colère »
L’absence de la droite à la séance plénière déstabilise l’assemblée.
Cette séance plénière du budget, hier et aujourd’hui, est paradoxale. Il ne s’y passe rien (ou presque) et pourtant, elle fera date. La décision du groupe Gironde Avenir (droite et centre) de ne pas y siéger a engendré en effet une situation qu’on pourrait qualifier de surréaliste si le mot n’était pas galvaudé. Une assemblée sans opposition, c’est comme un match de foot avec une seule équipe. Ou de manière encore plus imagée, comme de danser avec sa sœur (ou son frère). Les dossiers défilent les uns après les autres dans un ronron lénifiant au point que Philippe Madrelle a dû rappeler à l’ordre certains conseillers qui traînaient dans les couloirs. Le quorum (32 présents) risquait de ne pas être atteint. Ceux de l’opposition ont beau n’être que 13 sur 63, leur absence se remarque et surtout, l’ambiance s’en ressent. Quand on ne s’engueule pas, on s’ennuie…
Sur la raison de cette absence, Yves d’Amécourt et ses amis se sont expliqués en milieu d’après-midi. Ils reprochent à Philippe Madrelle d’avoir programmé cette plénière alors que l’Assemblée nationale n’avait pas encore voté la loi de finances qui détermine les budgets départementaux. « Il faut douze jours minimum d’intervalle, et on a voté seulement ce matin à Paris. Nous estimons que nous n’avons pas les éléments pour débattre. La décision de l’État concernant les frais de gestion pour le foncier non bâti, le taux des droits de mutation et le montant de la TVA sur les transports, éléments qui comptent pour 35 millions dans nos recettes, n’ont pas été communiqués à temps. En 2010, Yves Lecaudey, alors responsable des finances, avait repoussé la discussion sur le budget en mars pour les mêmes raisons. »
« Coup médiatique »
Philippe Madrelle et ses amis ne connaissaient pas hier matin, à l’ouverture de la plénière, le détail de l’argumentaire de leur opposition. Il s’en doutait quand même un peu, mais il a préféré fustiger cette « désertion » et cette « politique de la chaise vide », après que le président du groupe PS Alain David eut lui-même ouvert le feu en évoquant les mânes de Nelson Mandela.
Madrelle n’y alla donc pas par quatre chemins : « La politique de la chaise vide est une fuite devant ses responsabilités, dit-il dans son discours d’ouverture ; bien sûr, c’est un coup médiatique mais il est éphémère, volatile et impardonnable devant l’importance de l’engagement que revêt un budget de 1 milliard 838 millions d’euros. » Au fil des dossiers, quelques conseillers en remirent une couche, preuve que la pilule passait mal.
Non débat ce matin
D’aucuns y verront une querelle de procédure hermétique. D’autres un règlement de comptes sur la réforme des cantons que la droite digère très mal. À écouter Yves d’Amécourt et ses amis, on avait quand même l’impression d’assister à la version girondine d’un débat national sur le « matraquage fiscal » cher à la droite. Ils déplorent en effet une hausse spectaculaire de la fiscalité, ce que nie évidemment la majorité, et ce sera sans doute le thème du non débat de ce matin. Car du fait de l’absence de l’opposition, la séance d’aujourd’hui se réduira à une matinée courte juste pour voter le budget. Quant à l’exposé d’Alain Rousset, il est remis à plus tard. Et les vacances commenceront plus tôt…
Source : Sud Ouest du 20/12/13
Hervé Mathurin