Intervention de Jean-Pierre Baillé sur la DM2 2010
Monsieur le Président,
Chers Collègues,
En l’absence d’Yves d’Amécourt, Président de Gironde Avenir, j’ai l’honneur de vous faire connaître la position du groupe sur cette DM2.
- Inutile de ménager un quelconque suspens, nous approuverons cette décision modificative.
- Nous le ferons, poussés par une double conviction :
1 – L’idée que nous nous faisons de la démocratie nous impose de sortir d’un affrontement stérile et systématique. Lorsqu’une orientation nous paraît aller dans le bon sens, nous n’avons aucun état d’âme à la soutenir. C’est pour ma part une règle de conduite.
2 – Nous ne souhaitons pas importer au plan local les regrettables pratiques qui paralysent le fonctionnement de notre pays, et nous en avons l’exemple tous les jours dans des assemblées plus prestigieuses que la nôtre.
Néanmoins, Monsieur le Président, notre attitude positive ne saurait en aucun cas être assimilée à un quelconque ralliement et nous avons à ce titre, de nombreuses remarques à formuler. Elles sont fondées sur la nature même de cette DM2 , qui modifie de manière très importante le budget, et fait suite à une orchestration développée à la fin de l’exercice précédent et pendant le premier trimestre de cette année sur le thème de : « l’apocalypse est pour demain ».
Or, demain, c’est aujourd’hui, et que constatons-nous ?
Nous constatons qu’il y a un excédent et c’est heureux. Il est donc inutile de se battre sur ce constat. Cette bonne nouvelle soutiendra l’investissement et c’est la troisième raison qui nous fait voter cette DM2. Pour ma part, je ne vois pas l’intérêt de nous disputer sur une affectation de telle ou telle ligne budgétaire. Je rappelle cependant qu’il n’est pas opportun, lorsque Monsieur Dussaut fait référence à l’ADF, de loger tous les départements à la même enseigne. Il n’y a pas de commune mesure entre les départements de l’Ariège, le Lot ou la Lozère et la Gironde.
Les chiffres sont ceux qu’ils sont. La majorité a légitimité pour gérer le département mais l’opposition a le droit d’avoir une appréciation.
Ainsi, devant l’ampleur de ces chiffres, vous ne pouvez nous empêcher de penser que le report du vote du budget en mars 2010 était une tactique électorale visant à le faire coïncider avec les élections régionales, et grâce à une campagne de désinformation, accréditer l’idée que par la faute de la droite, du gouvernement, la ruine du département était consommée.
Comment oublier le panneau installé cours du Maréchal Juin qui comptabilisait la prétendue dette de l’Etat ? Comment oublier Monsieur le Président, cette lettre destinée à quelques 2000 associations leur expliquant que leur avenir était compromis par la faute du gouvernement ?
Nous pourrions égayer cela par l’énumération d’une série de citations reprenant des propos tenus par les orateurs de la majorité départementale et qui aujourd’hui sont totalement infirmés par les chiffres exposés à tous. Certains ont perdu là une bonne occasion de se taire.
Nous pourrions l’enrichir de quelques épithètes peu flatteuses adressées à ceux qui ont la responsabilité de conduire notre pays et dont nous constatons qu’elles étaient infondées. Mais tout ceci étant excessif, est par conséquent insignifiant. Cependant deux sujets nous semble-t-il sont extrêmement regrettables :
- Le premier est la hausse de la fiscalité de 3 % et dont le produit s’élève à 7,8M€.
Ne croyez-vous pas que cette somme aurait été mieux dans la poche des Girondins que dans le portefeuille du département, qui, à l’évidence n’en avait pas besoin ? Nous avions à l’époque, vivement critiqué cette option, et bien sûr, nous n’avions pas été entendus. Nous serions curieux de savoir ce qu’en pensent nos concitoyens à l’heure de cette correction budgétaire.
- Le deuxième est le moratoire sur les investissements.
Bien sûr qu’il a plombé la consultation électorale en cours, c’était fait pour ça !!! Comment ne pas sanctionner ceux par la faute de qui tout cela serait prétendument arrivé ? Sauf qu’aujourd’hui il est démontré, de facto, que c’était une disposition injustifiée. Elle a eu pour effet de priver nos entreprises de commandes et pourtant elles en ont bien besoin. Mais également elle a désorganisé les plans d’investissements de nos communes et communautés de communes. Le phasage des programmes d’investissements que nous apprenons à organiser sur le moyen terme, les études qui avaient permis de les élaborer, la cohérence de nos politiques locales ont été soit détruits, soit perdus, soit remis en cause.
Enfin, Monsieur le Président, nous voudrions exprimer un regret. Pourquoi ne pas utiliser une partie de cette manne supplémentaire pour favoriser le développement économique en facilitant la création, l’implantation, la consolidation d’entreprises ? Nos territoires ruraux ont leur avenir suspendu à cette réalité. Nos campagnes ont un besoin vital de développement économique : que faisons-nous pour cela ?
Et sur ce point, de grâce, qu’il ne soit pas question de compétence, puisqu’une convention avec la région que j’ai eue, ici même l’occasion de qualifier d’éternelle et d’immense nous ouvre toutes grandes, toutes les possibilités d’intervention.
Mais nous devons reconnaître que le développement économique ne doit pas être un sujet facile à traiter au sein de votre majorité. En effet, comment expliquer que le Vice-président en charge de l’économie, fût elle solidaire, ait voté contre le financement d’une infrastructure que les principaux leaders de cette assemblée ont qualifié de chance historique pour notre département ? Il y a là une incohérence évidente qui ne doit pas faciliter l’élaboration d’une politique ambitieuse en la matière.
Voilà ces quelques remarques qui marquent notre profond désaccord sur la conduite des affaires départementales, désaccord qui ne nous empêche pas, Monsieur le Président, de vous apporter notre soutien chaque fois que nous le jugeons opportun. Et dans cet esprit, peut-être que le post scriptum qui agrémentait vos lettres informant les attributaires de subventions et qui disait : « je me permets de vous signaler que votre Conseiller Général n’a pas voté le budget…il ne peut donc se prévaloir du versement de cette subvention » se trouvera modifié. En effet, puisque nous votons « pour » cette DM2 vous pourriez dire « votre Conseiller Général ayant voté cette DM2 peut lui aussi se prévaloir etc… ». Pardonnez-moi, Monsieur le Président, ce n’était qu’une suggestion hasardeuse.
Je conclurais par un dicton courant dans nos campagnes et qui en cette semaine de St Luc fait le tour des palombières et qui dit ceci : « Année d’élections, année de subventions ».
Je vous remercie de votre attention.
Seul le prononcé fait foi