Motion de soutien aux salariés de Cofinoga
Présentée par Xavier Loriaud pour le groupe Gironde Avenir
Société créée en 1968 par les Nouvelles Galeries, Cofinoga est un établissement de crédit dont l’activité porte majoritairement sur la distribution et la gestion de cartes adossées a un crédit revolving et, pour une moindre part, sur la vente de crédit amortissable aux particuliers.
Elle emploie aujourd’hui en France 2500 salariés dans les sites de Paris, Mérignac (Gironde), Jurançon (Pyrénées-Atlantiques), ainsi que les agences basées dans les magasins Galeries Lafayette. A partir des années 1990, le capital de la société a connu des évolutions importantes.
En 1992, les Galeries Lafayette acquièrent la totalité du capital des Nouvelles Galeries, donc de Cofinoga qui en est une filiale captive, et lui confient la gestion de ses cartes gérées jusque là par L2F, filiale commune des Galeries Lafayette et de Cetelem. La contre partie de ce transfert une prise de participation de CETELEM chez Cofinoga. Les salariés sont alors plus de 1000. Cetelem, spécialiste du prêt à la consommation, entre dans le capital de Cofinoga en 1993. Les initiatives se poursuivent avec le lancement des premières cartes bancaires.
En 1995, les Galeries Lafayette lancent la holding LaSer (Lafayette Services). Cette création sera suivie en 1998 par celle de e-LaSer qui combine une double compétence marketing et technologique, dédiée à l’animation de la Relation Client, via notamment ses entités LaSer Contact, l’Échangeur et le GIE Recherche Haussman.
Cofinoga continue de renforcer sa position de leader dans le service clientèle et le crédit à la consommation avec la création, en 1998, de Médiatis, spécialisé dans le crédit en direct. Cette même année, la BNP entre dans le capital de Cofinoga à hauteur de 5 %.
Dans les années 2000, il y a de nouveau des modifications importantes dans le capital. Après le mariage de la BNP avec Paribas, en 2000, Cetelem, à l’origine filiale de Paribas, remplace la BNP dans le capital du groupe Laser, mais à 49% (puis 50%). Le groupe Laser, lui même propriétaire à 100% de la société Laser Cofinoga, devient donc la propriété à parts égales des Galeries Lafayette et de la BNP via Cetelem.
Les années 2000 ont été les plus fastes avec des résultats exponentiels, des taux de croissance à deux chiffres, et des résultats net après impôts importants : par exemple de 115 millions d’euros en 2004, 231 millions d’euros en 2007, etc. …
Mais on peut considérer que des 2007, le produit revolving, qui forme la plus grande part de l’activité de Cofinoga, était menacé et constater que, dès 2008, la crise financière dite des subprimes a impacté le monde de la finance dans son ensemble et notamment Cofinoga.
C’est pourquoi, en 2010, le Comité Central d’Entreprise de Cofinoga, considérant a juste titre que « gouverner c’est prévoir », a usé de son droit d’alerte en mettant en évidence la dangerosité des stratégies de développement commercial retenues par la direction, ainsi que l’absence d’anticipation par celle-ci de la forte diminution en cours du crédit revolving. A cette époque, la direction s’était officiellement engagée à ne pas recourir à un Plan de Sauvegarde de l’Emploi.
En 2010-2011, la loi LAGARDE, qui encadre fortement le crédit revolving et l’interdit pour les montants supérieurs à 3000 euros, est entrée en vigueur après de longues discussions entre les acteurs politiques et le monde financier, laissant le temps a tous de se préparer, ce que la plupart ont fait, à l’exception de Cofinoga dont l’activité chute alors de 10% par an.
Dans le même temps, en 2011, le groupe BNP Paribas a enregistré un bénéfice de 6 milliards d’euros tout en provisionnant 3 milliards d’euros sur la dette grecque.
C’est dans ce contexte que, le 20 janvier 2012, la nouvelle et actuelle direction générale de Cofinoga, en place depuis juin 2011, a annoncé un Plan de Sauvegarde de l’Emploi impliquant la suppression de 433 emplois sur les sites de Paris, Mérignac et Jurançon.
Cette annonce, intervenue dans le contexte qui vient d’être décrit, ne peut que susciter une vive incompréhension tant du côté des salariés que des pouvoirs publics et appeler la série d’interrogations suivantes :
– Le déclin programmé du crédit revolving a-t-il été anticipé par la direction de Cofinoga et du groupe BNP Paribas ?
– Ce déclin peut-il justifier à lui seul les 433 suppressions d’emplois annoncées ?
– Le groupe BNP Paribas a-t-il exercé ses responsabilités de manière équitable entre ses deux filiales de crédit, Cetelem et Cofinoga ?
– Le groupe BNP a t il orienté ses choix de gestion de Cofinoga dans l’intérêt de l’entreprise ?
– Les salariés de Cofinoga doivent-ils payer les pots cassés de l’encadrement, par ailleurs souhaitable, et de la raréfaction de la pratique du crédit revolving ?
– Existe-t-il de la part de la direction de Cofinoga et du groupe BNP Paribas une stratégie de communication visant à utiliser la mauvaise image de l’activité de crédit revolving pour faire accepter à l’opinion un PSE au détriment des salariés de Cofinoga ?
– Le versement massif par Cofinoga de dividendes à ses actionnaires, et en l’occurrence à BNP Paribas, n’a-t-il pas servi à renforcer Cetelem contre Cofinoga ?
– Comment le groupe BNP Paribas peut-il justifier 433 suppressions d’emploi au moment où il dégage 6 milliards d’euros de bénéfices ?
– Dans ces conditions, ne peut-on pas parler de « non assistance à entreprise en danger » de la part de ceux qui ont la charge de sa pérennité ?
Il faut remarquer sur ce dossier l’action des pouvoirs publics qui se sont emparés de cette question et notamment Monsieur le Préfet, Patrick Stéfanini.
Les élus du Conseil Général, à leur tour, réunis en séance plénière le 26 mars 2012 :
– demandent que toute la lumière soit faite sur les cause réelles des 433 suppressions d’emplois et la responsabilité du groupe BNP-Paribas dans les choix stratégiques qui ont mené à cette situation ;
– manifestent leur solidarité avec les salariés et les organisations syndicales qui agissent pour la défense des emplois ;
– demandent à la direction de Cofinoga et du groupe BNP-Paribas de garantir le maintien des emplois, notamment par le redéploiement vers de nouvelles activités, sur les sites de Mérignac et de Jurançon.
Le groupe PS a également proposé une motion de soutien sur le dossier Cofinoga, les deux groupes ont décidé de fusionner leur motion.