Philippe Madrelle : Au Conseil général, le vieux lion mord encore
Sud Ouest du 21/12/12
Retrouvez également l’article de Sud Ouest du 22/12/12
Un échange très vif a eu lieu hier entre Philippe Madrelle et Yves d’Amécourt.
Depuis quelque temps, la rumeur laisse entendre que Philippe Madrelle s’intéresserait davantage au Sénat qu’aux dossiers du Conseil général, ce qui suppose qu’il y passerait bientôt la main, cumul des mandats oblige.
Mais la malheureuse sortie de Lionel Jospin sur Jacques Chirac (« vieilli et usé ») lors de la dernière cohabitation l’a montré : il est toujours imprudent d’enterrer trop tôt une « bête » politique. Yves d’Amécourt, leader de Gironde Avenir (droite et centre), s’en est aperçu hier matin alors que la séance plénière commençait à peine. Le dossier était celui de l’aide aux communes, plutôt consensuel a priori. Bernard Dussaut, premier vice-président, venait d’expliquer le principe de la péréquation permettant aux communes rurales d’être moins pénalisées. Michel Duchène (UMP) avait répliqué en regrettant que Bordeaux, fortement concerné par les dépenses sociales, ne bénéficie pas d’un statut privilégié.
« Manque de démocratie »
Le thème de Bordeaux mal aimé du Conseil général provoque toujours des remous dans l’assemblée départementale. Philippe Madrelle commença par rappeler que son administration verse 18 millions d’euros pour le pont Chaban-Delmas, « hors compétence ». Yves d’Amécourt lança alors son offensive : « Vous avez accordé une subvention de 100 000 euros à la ville de Mérignac au titre de la restauration des monuments historiques classés (NDLR, le conservatoire de musique au Château Peychotte), alors que nous avons décidé l’an dernier que ce type de dispositif serait réservé aux villes de moins de 15 000 habitants. »
Philippe Madrelle répliqua sèchement qu’il s’agissait d’honorer un engagement antérieur. Mais Yves d’Amécourt embraya sur le « manque de démocratie » au Conseil général, évoquant des réunions décentralisées dans plusieurs secteurs du département, « en particulier à Saint-Seurin-de-Blaye ».
Réplique de Philippe Madrelle, furibard : « Ça n’existe pas ! » Il était en effet bien placé pour le savoir puisque Saint-Seurin-de-Cursac (et non de Blaye), est le village où il est né…
L’échange tourna alors au vinaigre, les interventions des deux orateurs se chevauchant aux deux micros, tous deux signalés par la lumière rouge censée marquer la prise de parole. Le rouge de la colère…
Finalement, Philippe Madrelle finit par lâcher : « Vous créez la polémique et je suis tombé bêtement dedans (rires dans l’hémicycle), je m’en veux d’avoir répondu à ça. »
Mais le « vieux lion » avait laissé parler son tempérament. Tel le chat de La Fontaine, il n’est jamais si dangereux lorsqu’on le croit somnolent. La joute verbale aura au moins eu un mérite : réveiller tout le monde tout en évacuant la tension pour le reste de la journée.
Centres bourgs en milieu rural
L’après-midi fut en effet beaucoup plus calme, la plupart des dossiers étant votés sans débat. L’intervention de Gilles Savary sur les grands projets d’urbanisme et de maîtrise foncière donna lieu à un échange intéressant entre lui-même, le rapporteur Jean-Pierre Soubie et Jean-Pierre Baillé (UMP) sur l’état des centres bourgs en milieu rural. Le conseiller général de Grignols remarqua : « Rien ne peut se faire si on n’accueille pas des commerces. » Ce à quoi Jean-Pierre Soubie répondit : « Pour qu’il y ait des commerces, il faut des clients. Or, les bailleurs n’investiront pas dans des bourgs de moins de 5 000 habitants et ne se déplaceront pas pour construire moins de vingt logements. » Gilles Savary rappela que la société InCité est la seule qui ait accepté d’intervenir, en l’occurrence à La Réole. En revanche, selon Gilles Savary, Blaye est en train de mourir avec « 400 logements vides au cœur de la ville ».
Le débat sur le budget a lieu aujourd’hui.
Source : Sud Ouest du 21/12/12